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Du samedi 14 janvier1911
. Source :
Gallica
QUO VADIS
? au Théâtre Municipal
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Il faudrait être grincheux et de mauvaise foi, pour ne pas
se déclarer satisfait du spectacle auquel nous convia M. Audisio,
mardi dernier. Depuis longtemps, en effet, nous n'avions eu telle fête
d'art. Quo Vadis, a été monté avec un soin tout particulier,
et plus d'une fois, au cours de sa représentation, nous eûmes
l'illusion d'être, sinon à la Gaîté, du moins
dans un excellent théâtre de province. C'est donc des compliments
et des fleurs que je dois distribuer à la direction comme aux artistes
qui pleins d'une noble émulation, s'appliquèrent à
faire de leurs personnages des créations vivantes et intéressantes.
La musique de M. Nouguès est discutée à
Paris ; Debussistes et Vincendindistes..... et les autres avec (et Dieu
sait s'il y en a, d'autres !), la nient âprement. Peut-être
est-ce le succès qui la rend d'une digestion difficile aux toujours
aimables confrères qui n'arrivent pas à se faire jouer.
De très nombreuses représentations à Paris et en
Province n'ont pas, en effet, épuisé le grand succès
qui accueillit l'œuvre à son son début et, aujourd'hui
encore, quand la Gaîté veut faire grosse, recette, elle affiche
Quo Vadis. Les mêmes bons camarades dont je parlais vous
diront que ce n'est pas la musique de Nouguès
qui décida du succès, mais bien la luxueuse mise en scène
des frères Isola. Pour nous, sans nous attarder
à ces méchancetés, hélas ! si fréquentes
entre artistes, nous dirons que le premier et le dernier acte nous ont
plu infiniment, que nous avons rencontré ailleurs de fort belles
choses, gâtées souvent par un peu de pédantisme, mais
que, d'une façon générale, la musique reste constamment
intéressante. La partie vocale — est ce la faute de notre
orchestre qui m'a paru bruyant parfois?... — semble négligée
par endroits, surtout au deuxième tableau qui devient une pantomime
soulignée de musique.
Naturellement l'œuvre s'embellit de magnifiques illustrations. Ici
nous eûmes l’Atrium de la maison, de Pétrone, le Cirque
et le Pont sublicius, œuvres de Quignon, qui furent
des cadres magnifiques pour lesquels nos artistes composèrent des
tableaux tragiques ou charmants.
---- Il nous faudrait énumérer
toute la distribution pour être juste et n'oublier personne, car
tout le monde fut à la hauteur de sa lâche. Mlle
Beaumont, Lygie d’une beauté et d'une voix
impressionnantes, Mme L. Frêville,
Eunice délicate et précieuse,
Mlle Myrtal, Poppée tragique, Mlles Raymond,
Sylvestre, Dehosse... et les autres.
--- Côté des hommes: M. Viaud,
Pétrone de grande allure, aux costumes fastueux, et qui
fut parfait dans son dernier acte, M. Sarpe, Vinicius
ardent et beau, au chef calamistré, M.Beckman,
surtout, qui donna à Chilon tout le relief souhaitable,
M. Gaillard, apôtre inspiré et consolateur,
M. Soubeyran, au masque néronien, enfin MM.. Rambaud,
Loriaux, Auriol, sans omettre l'utile
Ursus et le muet Croton.
--- Le chœur des martyrs, renforcé
par là Lyre Algérienne, fut excellemment chanté et
produisit une vive sensation.
--- N'oublions pas Eva Mery,
qui dansa avec M de Wandeleer en éphèbe
couronné, un pas: suggestif et inspiré de ceux de Régina
Badet.
Les masses chorales et, figurantes évoluèrent intelligemment.
Bravo, bravo ! ! G.S.M
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