du Samedi 2 janvier 1932 |
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Source Gallica de la Bnf | |||||||||||||||||
Orphée
aux enfers: Voir programme |
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LA VIE THÉÂTRALE À MOGADOR PAR LES FRÈRES ISOLA EN 1932 |
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Mogador et les frères Isola.
Orphée aux Enfers. |
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----- J'ai souvent signalé l'activité intelligente des frères Isola. Il me plaît de la rappeler, dans un journal d'Algérie, pays de leur origine. Blida les vit naître, sans les garder longtemps. Paris attirait ce couple fraternel, dont l'union est légendaire. |
![]() Blida |
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La prestidigitation les occupa d'abord ; cet art
ne suffisait pas à leur goût d'entreprise. Ils furent des
premiers à prévoir l'essor du cinéma; un appareil
projecteur sortit de leurs mains. Leur esprit rêvait d'exploitation
théâtrale ; on les vit à l'Olympia,
aux Folies-Bergères, à la
Gaîté-Lyrique. Leur gestion de l'Opéra-Comique
devint brillante et heureuse. Sarah-Bernard et
Mogador les ont actuellement comme directeurs.
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---- Mogador est par eux voué aux grandes opérettes. « No No Nanette », « Rose-Marie », « La Vie Parisienne » restera dans nos mémoires. « Orphée aux Enfers » succéda à ces pièces célèbres. | |||||||||||||||||
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Avec Jacques Offenbach, la qualification
d'opérette semble impropre, le terme d'opéra-comique convient
mieux au sujet présenté. Mon avis est justifié par
la désignation des principaux interprètes vocaux. M. Lucien
Muratore, Melle Marise Beaujeu et Mme
Jeanne Saint-Bonnet, ont brillé sur les plus importantes
scènes lyriques. Offenbach fut un maître dont l'inspiration
conserve sa fraîcheur. ---- Je range à part Max-Rearl, metteur en scène et animateur de spectacle. Le ténorino Adrien Lamy et l'excellent comique Félix Oudart, secondent vaillamment les étoiles déjà citées. Un orchestre nombreux met en valeur la riche partition d'« Orphée ». Entraînée par M. Diot, cette phalange musicale n'est formée que de virtuoses. Son violon solo, M. Charmy, peut rivaliser avec les plus grands astres internationaux. S'il était étranger, on chanterait mieux ses louanges. En France, la réclame prone surtout les produits exotiques. Un ballet s'ajoute au spectacle, afin d'accroître son éclat. |
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Halévy, auteur du livret, s'était, cette
fois, séparé de Meilhac, son collaborateur
habituel ; il s'adjoignit Hector Crémieux, notoire
écrivain de l'époque. De leur temps, les rimes des couplets
étaient encore fines ; aujourd'hui l'art des vers reste trop dédaigné.
Les chansons mises sur écrans violent toutes lois prosodiques.
Souhaitons pour leur genre un salutaire renouveau.
---- MM. Isola furent parmi les précurseurs du cinéma. J'aimerais les voir diriger une salle consacrée au septième art. Leur esprit d'initiative ferait merveille dans cette voie pleine de possibilités. ---- Selon moi, la formule du jour néglige trop la musique. Nous eûmes des films muets, où l'harmonie des sons complétait idéalement les images. ---- Plusieurs cinémas nouveaux conforment leurs actes à mes théories. L'Olympia, Paramount, Gaumont-Palace, l'Alhambra, le Moulin-Rouge ont recruté des musiciens de choix. Attractions, chants et danses entrent dans leurs programmes. ---- MM. Isola offriraient de l'inédit dans un genre se prêtant aux plus subtiles combinaisons. Peut-être trouvent-ils que leurs deux théâtres les occupent assez. ---- Leur effort dans « Orphée » mérite des bravos ---- Ne les marchandons pas à ces enfants du peuple, arrivés au succès par un labeur probe et constant. On dit que la parole des Isola vaut toute signature: Il n'est pas de plus bel éloge... Justin Pons. |