LE JOURNAL
Source Gallica :
   08/11/1937

                 De tous leurs secrets, il n'en est qu'un sans doute que les frères Isola, chaque soir, révèlent aux Parisiens assemblés dans leur charmant petit théâtre de la rue Louis-le-Grand. C'est le secret … de leur succès.
                 A les écouter, à les regarder, à subir durant plus de deux heures le charme de leurs gestes et de leurs voix, et les mystères que ce charme engendre, on comprend, en effet, sans peine, à quelle source inconnue , hélas ! de tant de jeunes assoiffés de gloire, ces deux artistes puisent le plus clair de leur inspiration : l'humanité.
           Ne souriez pas ! Il y a plus de pénétrante observation dans l'art des frères Isola que dans l'œuvre tout entière de plus d'un écrivain célèbre. C'est sur nos petits orgueils et nos grandes prétentions, les uns et les autres assez mal placés le plus souvent sur toutes nos moyennes faiblesses que comptent ces psychologues pour abuser nos sens.
                C'est parce que nous croyons tout savoir et qu'ils ne l'ignorent pas, que sans peine ils nous font prendre des vessies pour des lanternes et le jeu combiné de deux fils pour un phénomène magnétique.
                    D'un mot lancé comme une confidence à quelque trois cents paires d'oreilles, ils captent autant de paires d'yeux, jugulent autant de curiosités, anéantissent autant d'esprits critiques et valent aux moins exceptionnels de leurs tours, l'admiration bruyante de leur auditoire tout entier.
         On peut reproduire leurs expériences, copier leurs appareils voire les perfectionner, les frères Isola n'en demeureront pas moins inimitables.
                                                                                                           Marc Blanquet