De tous leurs
secrets, il n'en est qu'un sans doute que les frères Isola, chaque
soir, révèlent aux Parisiens assemblés dans leur
charmant petit théâtre de la rue Louis-le-Grand. C'est
le secret … de leur succès.
A les écouter, à les regarder, à
subir durant plus de deux heures le charme de leurs gestes et de leurs
voix, et les mystères que ce charme engendre, on comprend, en
effet, sans peine, à quelle source inconnue , hélas !
de tant de jeunes assoiffés de gloire, ces deux artistes puisent
le plus clair de leur inspiration : l'humanité.
Ne souriez pas ! Il y a plus de pénétrante observation
dans l'art des frères Isola que dans l'œuvre
tout entière de plus d'un écrivain célèbre.
C'est sur nos petits orgueils et nos grandes prétentions, les
uns et les autres assez mal placés le plus souvent sur toutes
nos moyennes faiblesses que comptent ces psychologues pour abuser nos
sens.
C'est parce que nous croyons tout savoir et qu'ils ne l'ignorent
pas, que sans peine ils nous font prendre des vessies pour des lanternes
et le jeu combiné de deux fils pour un phénomène
magnétique.
D'un mot lancé comme une
confidence à quelque trois cents paires d'oreilles, ils captent
autant de paires d'yeux, jugulent autant de curiosités, anéantissent
autant d'esprits critiques et valent aux moins exceptionnels de leurs
tours, l'admiration bruyante de leur auditoire tout entier.
On peut reproduire
leurs expériences, copier leurs appareils voire les perfectionner,
les frères Isola n'en demeureront pas moins
inimitables.
Marc Blanquet