A la Gaîté, "Fanfan
la Tulipe". Mais non, mais non, l’opérette n’a
pas vieilli ! Gageons qu’elle réserve encore de bonnes
soirées au
théâtre
de la Gaîté, qui fait des miracles pour la
rajeunir ! Aujourd’hui, c’est "Fanfan la Tulipe"
que MM. Isola ont monté avec leur goût
et leur soin habituels, ce brave Fanfan que l’on vu déjà,
tantôt à la Porte-Saint-Martin,
en 1858, cela ne tarde pas d’hier ! En le bon vieux drame de M.
Paul Meurice, tantôt aux Folies
Dramatiques, en 1882, transformé en opérette,
sur le livret de Paul Ferrier et Jules Prével,
musique
de Louis Varney. C’est cette même opérette
que les frères Isola ont reprise, mais avec cadre, costumes et
décors tout neufs et tout flambants.
Tout le monde connaît "Fanfan la Tulipe", ce
vrai type du soldat français, gai, galant, brave et bon enfant.
Brave surtout, et « veinard » comme pas un ! Il fait des
prodiges, traverse l’armée ennemie sans égratignure
et gagne des batailles aussi facilement qu’il conquiert…un
petit cœur de femme. Un petit cœur ? … C’est deux,
trois qu’il faut dire, car Pimprenelle, la gentille modiste, et
Mme Cotonnet, son accorte patronne, et Florise de la
Pacaudière, la noble grande dame, sont toutes trois follement
éprises de ce beau militaire. Si follement même, qu’elles
n’hésiteront pas un instant à suivre Fanfan à
la guerre. Mais Fanfan est généreux autant que bon, et
il donnera la main à Pimprenelle à son pays et ami Michel,
si timide et si aimant.
Et voila de quoi remplir trois bons petits actes gais et vivants
sur la musique très pimpante de M. Louis Varney.
Nombre de morceaux ont été bissés ; certains sont
charmants et très joliment écrits.
L’interprétation
est excellente, Mme Simon-Girard, qui créa le
rôle autrefois, est véritablement charmante de jeunesse
et d’entrain. Elle a enlevé ses couplets avec une gaieté
et un brio qui lui ont valu d’unanimes applaudissements. Mmes
Léo Demoulins et Chantenay
lui donnent agréablement la réplique.
Le rôle de Fanfan convient admirablement à M. Lucien
Noël ; il retrouve là, d’ailleurs, un public
qui l’adore. M. Soums chante fort joliment la
partie de Michel Giroflée, M. Muffat
est très suffisamment comique de M. Regnard
(Cotonnet) ont contribué au succès, très vif, de
cette opérette rajeunie.