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Les frères Isola
ont été illusionnistes, et ils veulent qu'on s'en souvienne.
Ils achètent un théâtre d'opérette... Pan
! Ils annoncent sa transformation en théâtre de féerie...
Le Châtelet tremble! Sans
motif, car aussitôt les Isola annoncent qu'ils
ne joueront que des revues... Encore des revues ! s'écrie-t-on...
Pas du tout ; la salle municipale abritera le drame
lyrique : on y lancera des jeunes... La pièce d'ouverture sera
La Juive,
d'un débutant qui s'appelle Halévy. Ensuite,
Hérodiade, d'un inconnu de
talent du nom de Massenet ; puis, au son de la musique
de M. Lambert, La Flamenca
viendra danser un tango.
On ne s'éternisera
pas là-dessus, d'ailleurs. Allons! Passez muscade. Voici un changement
à vue et l'apparition du drame historique, avec panache et coups
d'épée, sous la direction de M. Hertz,
le bon ami de Jean Coquelin. Laissez-moi vous le dire
à l'oreille : cette direction se trouvera inaugurée par
une pièce nouvelle dont on dit le plus grand bien. C'est Cyrano
de Bergerac, avec Coquelin comme principal
interprète.
Mais, les Isola aidant, on n'y aura vu que du feu... Allons, passez.,
muscade!
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Revue
universelle 1903
source
Gallica
La Flamenca
par M. Lucien LAMBERT. Prestidigitateurs émérites,
les frères Isola, italiens d'origine,
se sont fait applaudir plusieurs années à la salle des Capucines.
Ils renoncèrent un jour à se produire sur la scène
et se firent les impresarii des gymnastes, des acrobates, des chanteuses
et danseuses excentriques qui s'exhibent dans les music-halls.
Leur exploitation fut assez heureuse
pour qu'ils aient assumé la direction simultanée de deux
de ces établissements. Puis l'ambition leur vint d'avoir un vrai
théâtre et sur ce théâtre dont ils ont transformé
avantageusement l'aspect extérieur et intérieur, ils prétendent
offrir alternativement aux Parisiens des spectacles de comédie
et des ouvrages Lyriques. Grâce à leur initiative, Paris
voit pour la seconde fois, la première tentative ayant été
faite au même lieu, il y a vingt-sept ans, par M. Vizentini,
un théâtre d'opérette, celui de la Gaité
transmué en Théâtre-Lyrique. Le Théâtre
Lyrique de M. Vizentini dura deux ans à
peu près; quelle sera la durée de celui qu'ont ouvert les
frères Isola? Afin de limiter les chances contraires,
ils ont pris soin de borner d'avance leur saison musicale à trois
mois. C'est l'équivalent de la saison au Covent-Garden,
de Londres.
Pour ses débuts,
la direction a remonté l'Hérodiade
de Massenet, jouée à Bruxelles avec un
grand succès a la fin de 1881. Le rôle de Salomé,
qui eut Fidès-Devriès pour interprète,
en 1884, au Théâtre-Italien des frères Corti,
pour un nombre restreint de représentations, est tenu cette fois
par Mme Calvé et par Mme Litvinne,
deux chanteuses étoiles. Comme lendemain à ces soirées
de grand opéra, MM. Isola ont fait représenter,
par leur troupe d'opéra-comique,
La Flamenca, de M. Lucien
Lambert.
Par le sujet comme
par la valeur intrinsèque, la pièce de MM. Henri
Cain et Adenis diffère peu des scénarios
d'opérette ou de pantomime, de couleur espagnole, que l'on fabrique
pour encadrer les chants et danses d'une Otero ou d'une
Guerrero aux Folies-Bergère.
On conçoit donc qu'elle ait séduit les directeurs de l'Olympia.
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