Source Gallica
LA VIE PARISIENNE  du samedi 26 septembre 1903

       Les frères Isola ont été illusionnistes, et ils veulent qu'on s'en souvienne. Ils achètent un théâtre d'opérette... Pan ! Ils annoncent sa transformation en théâtre de féerie... Le Châtelet tremble! Sans motif, car aussitôt les Isola annoncent qu'ils ne joueront que des revues... Encore des revues ! s'écrie-t-on... Pas du tout ; la salle municipale abritera le drame lyrique : on y lancera des jeunes... La pièce d'ouverture sera La Juive, d'un débutant qui s'appelle Halévy. Ensuite, Hérodiade, d'un inconnu de talent du nom de Massenet ; puis, au son de la musique de M. Lambert, La Flamenca viendra danser un tango.
           On ne s'éternisera pas là-dessus, d'ailleurs. Allons! Passez muscade. Voici un changement à vue et l'apparition du drame historique, avec panache et coups d'épée, sous la direction de M. Hertz, le bon ami de Jean Coquelin. Laissez-moi vous le dire à l'oreille : cette direction se trouvera inaugurée par une pièce nouvelle dont on dit le plus grand bien. C'est Cyrano de Bergerac, avec Coquelin comme principal interprète.
Mais, les Isola aidant, on n'y aura vu que du feu... Allons, passez., muscade!

 

                                    Revue universelle 1903                                              source Gallica   
                 La Flamenca par M. Lucien LAMBERT. Prestidigitateurs émérites, les frères Isola, italiens d'origine, se sont fait applaudir plusieurs années à la salle des Capucines. Ils renoncèrent un jour à se produire sur la scène et se firent les impresarii des gymnastes, des acrobates, des chanteuses et danseuses excentriques qui s'exhibent dans les music-halls. 
               Leur exploitation fut assez heureuse pour qu'ils aient assumé la direction simultanée de deux de ces établissements. Puis l'ambition leur vint d'avoir un vrai théâtre et sur ce théâtre dont ils ont transformé avantageusement l'aspect extérieur et intérieur, ils prétendent offrir alternativement aux Parisiens des spectacles de comédie et des ouvrages Lyriques. Grâce à leur initiative, Paris voit pour la seconde fois, la première tentative ayant été faite au même lieu, il y a vingt-sept ans, par M. Vizentini, un théâtre d'opérette, celui de la Gaité transmué en Théâtre-Lyrique. Le Théâtre Lyrique de M. Vizentini dura deux ans à peu près; quelle sera la durée de celui qu'ont ouvert les frères Isola? Afin de limiter les chances contraires, ils ont pris soin de borner d'avance leur saison musicale à trois mois. C'est l'équivalent de la saison au Covent-Garden, de Londres.
          Pour ses débuts, la direction a remonté l'Hérodiade de Massenet, jouée à Bruxelles avec un grand succès a la fin de 1881. Le rôle de Salomé, qui eut Fidès-Devriès pour interprète, en 1884, au Théâtre-Italien des frères Corti, pour un nombre restreint de représentations, est tenu cette fois par Mme Calvé et par Mme Litvinne, deux chanteuses étoiles. Comme lendemain à ces soirées de grand opéra, MM. Isola ont fait représenter, par leur troupe d'opéra-comique, La Flamenca, de M. Lucien Lambert.
          Par le sujet comme par la valeur intrinsèque, la pièce de MM. Henri Cain et Adenis diffère peu des scénarios d'opérette ou de pantomime, de couleur espagnole, que l'on fabrique pour encadrer les chants et danses d'une Otero ou d'une Guerrero aux Folies-Bergère. On conçoit donc qu'elle ait séduit les directeurs de l'Olymp
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