LES
THÉÂTRES SUBVENTIONNÉS M. ALBERT CARRÉ ADMINISTRATEUR DU THÉÂTRE-FRANÇAIS MM. GHEUSI & ISOLA DIRECTEURS DE L'OPÉRA-COMIQUE |
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LE JOURNAL 17/10/1913 |
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01/05/1914 |
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M. Gheusi est un malin,
un diplomate auprès de qui nos professionnels du quai d'Orsay sont
de débiles mazettes. S'il voulait s'en donner la peine, il roulerait,
comme une cigarette, M. de Selves (homme
politique né à Toulouse) lui-même, que
les annales des Affaires étrangères célèbrent
à l'égal de M. de Talleyrand. D'ailleurs,
M. Gheusi n'est-il pas de Toulouse ?
Empêtré, de par la volonté de M. Viviani,
de la collaboration des frères Isola,
M. Gheusi a commencé par faire le vide
autour des infortunés frères siamois de la direction puis,
quand il les vit isolés et momifiés par l'inaction où
il les réduisait, il les escamota, simplement. Et ce tour, était
très difficile à exécuter. Car, on se souvient que
les frères Isola, avant d'administrer nos théâtres
subventionnés, étaient prestidigitateurs, et qu'ils gagnaient
leur vie, très largement du reste, à "faire
passer une montre du gousset d'un spectateur dans le corsage d'une
spectatrice ; à "changer de l'eau
en vin" ; ou à "écraser à
coups de marteau une bague que l'on retrouve ensuite
pendue par un ruban bleu au cou d'une colombe".
Les frères Isola connaissaient tous les trucs de leur art, et cependant,
ils se sont laissé escamoter sans y prendre garde.Si vous voulez vous en convaincre, allez à l'Opéra-Comique, et demandez à parler aux chers disparus. Personne ne pourra vous indiquer l'endroit où ils abritèrent leur désespoir de n'avoir rien à faire. Le concierge l'ignore; à la Régie, on nous envoie chez M Gheusi ; les artistes pensent qu'ils doivent être encore à la Gaité-Lyrique. Seule, la préposée aux W.-C. me donna un espoir. C'est par là, je crois, me dit-elle avec un sourire et un geste engageants. J'ouvris une porte, Horreur ! J'étais sur le domaine de l'astucieuse préposée, qui avait médité de me faire consommer par ruse. Et les frères Isola n'étaient même pas là ! Une enquête s'impose. M. Gheusi n'a pas le droit, tout Toulousain qu'il est, de supprimer des collaborateurs choisis contre mille par le Ministre lui-même. Qu'il dise ce qu’il a fait des frères Isola. Il nous faut les cadavres ! |
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