Quelques
coups de marteau, une couche de peinture, des rideaux neufs, sans doute
par-ci par-là des tours de passe-passe, et nous voyons aujourd'hui
le théâtre de la Potinière devenir le théâtre
Isola.
La façade est jaune ; de grosses lettres rouges éclairent
la rue Louis-Le-Grand, si grise. L'atmosphère de la salle, du bar,
du vestiaire, des couloirs est redevenue parisienne, lé gère.
Et tout cela n'est ni une illusion, ni le résultat d'un «
truc », mais une réalité pleine de brillantes promesses.
Cet après-midi, scies, vilebrequins, truelles,
pinceaux avaient quitté le théâtre et canne sous le
bras, coiffés d'un melon et vêtus d'un pardessus noir, les
frères Isola prenaient des airs de promeneurs aristocratiques et
nonchalants pour jeter un dernier coup d'œil sur les travaux.
Sous un large monocle, leur regard allait rapidement du balcon aux coulisses.
— Je crois, me dit Emile Isola, que nous avons réalisé
cette fois notre rêve. Car, pour la première fois, nous assumerons
simultanément les fonctions de directeurs et continuerons à
présenter nos
« Grandes illusions », qui obtinrent, vous le savez, un très
gros succès, il y a un an, à l'A. B. C., à l'Empire,
à Trianon, à l'Européen et aux casinos de Nice, Cannes,
Genève et enfin, cet été, à Vittel, Deauville,
Trouville, La Baule, Biarritz.
« Demandés partout, nous avons préféré
accepter l'offre de nos amis et prendre la direction artistique du «
Théâtre Isola », où, naturellement, nous reparaîtrons
sur la scène dans tous Nos nouveaux grands « trucs »,qui,
nous l'espérons fermement, amuseront encore longtemps grands et
petits. »
— Comment se composera votre programme ? Verrons-nous, au cours
de la soirée, d'autres attractions ?
— Une seule, au début, l'extraordinaire orchestre de Maurice
Tubas, dont le numéro durera vingt minutes. Nous occuperons donc
le plateau le reste du temps. C'est beaucoup, n'est- ce pas ? Mais avec
des « illusions et des trucs », nous essayerons de donner
aux spectateurs l'impression que nous passons comme un éclair et
que l'heure se réduit à quelques minutes en somme très
courtes...
M.-A. DABADIE
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