LES FRERES ISOLA

" Cerveaux Siamois" sont réunis pour toujours

 

        Les frères ISOLA sont entrés dans la légende, Ils avaient l'un et l'autre 84 ans. Vincent, le plus jeune des deux fils du modeste cafetier de Blida, n' a survécu que 2 ans à son frère Emile, plus âgé que lui d'un couple d' années.
       Depuis leur débarquement à Marseille, c'est-à-dire pendant 53 ans, les disparus avaient partagé leur activité entre la « Magie » et les directions théâtrales. Leur carrière directoriale débuta en 1882 dans la petite salle de la rue de Lancry où ils présentèrent... les frères ISOLA.
        Les Capucines, Parisiana, l'Olympia, les Folies-Bergère, la Gaîté-Lyrique, l'Opéra-Comique, Mogador, Sarah-Bernhardt, le théâtre Pigalle furent témoins des efforts, plus ou moins couronnés de succès... financiers, déployés par le fameux tandem dont l'éclectisme n'eut d'égal que la persévérance (avec une douzaine de directions).
         Ayant commencé leur carrière artistique dans l'Illusionnisme, les frères ISOLA restèrent fidèles à la Reine des Arts. Leur adresse n'était pas proverbiale, mais ils y suppléaient par un inépuisable génie inventif servi, lui-même, par une extraordinaire autorité.
     C'est ainsi qu'ayant eu quelques accrochages dans leur numéro de « transmission de pensée», les «cerveaux siamois » — ainsi se faisaient-ils appeler — cherchèrent à substituer un moyen mécanique à leur mémoire parfois défaillante.
        Un microphone transporté secrètement par l'opérateur circulant au milieu des spectateurs, des écouteurs minuscules dissimulés dans le bandeau porté par le sujet, un « combiné » formant relai, à la disposition du servant de coulisses ; des fils métalliques tendus subrepticement à travers la salle, sous les tapis ; de petites pointes de cuivre , faisant office de « plots » et « L'Océan de Lumières » était né.
Plus n'était besoin d'utiliser des codes compliqués et interminables, exigeant de longs efforts de mémoire, ainsi qu'une sévère mise au point. Plus n'était indispensable la présence d'un sujet entraîné, compréhensif et ayant un esprit d'à propos remarquable. Il suffisait que le mot ou la phrase à transmettre vint fapper la plaque vibrante du microphone, puis celle de l'écouteur, par le truchement de la ligne téléphonique. Le servant de coulisse n'intervenait qu'en cas de recherches dans le Bottin, le Dictionnaire, l'Annuaire des téléphones, etc...
          D'une expérience ratée, les frères ISOLA avaient tiré un truc prodigieux, permettant d'obtenir des effets jusqu'ici inconnus dans le domaine du mentalisme.

M. K.