Source Gallica
   
                  LE JOURNAL DE LA RADIO par Gilbert GUILLEMINAUT

         Le destin est souvent cruel pour les amuseurs. L'histoire des frères Isola, retracée par Jacques Charles et Henri Galet, l’illustrait mardi soir de manière exemplaire et tragique.
Modestes illusionnistes, venus de leur Blida natal où un jour Robert Houdin les avait éblouis, ils conquirent successivement les grandes scènes de variétés, Paulin, Frégoli, Little Tich, jouèrent pour eux au Parisiana, la première,valse acrobatique, ce sont eux qui les présentèrent aux Folies- Bergère.

   
      En 1912 ; consécration , ils obtenaient l’Opéra Comique où un sort un peu ironique leur faisait monter Pelléas et Mellisande Avec l'après-guerre et leur direction du Sarah Bernhardt et du Mogador, ce sont les opérettes qui marquent cette époque facile : No No et Nanette, Rose-Marie, L'Auberge du Cheval Blanc. Fernandel est la cause involontaire de leur ruine. Il ne peut jouer Ignace à la date prévue et les caisses sont vides.
       Les artistes, pour lesquels ils avaient toujours été compréhensifs, leur vinrent en aide. Ce ne fut pas suffisant. A 70 ans, les deux frères reprirent les numéros d'illusionnistes de leurs débuts et les tournées harassantes. Emile Isola mourut le premier, en 1939. En réalité Emile mourut en 1945 et Vincent en 1947.
     Vincent survécut pauvrement jusqu’à la libération. L’émission était sobre, bien interprétée, et les airs qui naquirent sous le règne des Isola constituaient la meilleure des biographies.
        
Que reste-t-il d'ailleurs de ces carrières d'amuseurs, sinon quelques refrains légers que chacun charge de ses souvenirs ?