La Dépèche de Madagascar du 12 décembre 1936 source BNF page 12

--- -Quand il sut que Sacha Guitry organisait un gala à leur bénéfice, le nouveau directeur du théâtre Mogador s’empressa d’offrir une salle, toutefois à une condition formelle ; les frères Isola devraient résilier le contrat qu’ils venaient de signer avec l’A.B.C et poursuivre la présentation de leur numéro sur la scène du music-hall de la Trinité.
------ - Quand nous étions directeurs, dit Emile Isola, nous étions indignés lorsqu’un artiste rompait ses engagements. Ce n’est donc pas à nous, aujourd’hui de donner le mauvais exemple.
 
    M. Tristan Bernard racontait des histoires.
------ - Je vais tâcher, disait-il, d’être inédit. Ça n’est pas facile. Car, depuis cinquante ans qu’on me fait dire des “mots” et des histoires dont neuf fois sur dix je ne suis pas l’auteur, je ne sais jamais, quand j’ouvre la bouche, si ce que je vais raconter n’a pas couru Paris depuis des mois !
 

Les frères Isola, dans leur loge de l'A.B.C, quelques minutes avant d'entrer en scène, sont assistés, ainsi qu'on le voit , d'un charmant sujet d'expériences. (Comedia 1936)
Un groupe composé de Mayol, Chevalier, Damia et Max Dearly s’était formé autour de Vincent Isola.
------ - Nous avons dirigés treize théâtres, disait ce dernier. Après cela, allez donc soutenir que c’est un nombre porte-bonheur !

---Mais il se reprenait aussitôt :
------- Il est vrai que, sans notre déveine, nous n’aurions pas eu la chance et la joie de connaître une soirée comme celle-ci !
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Emile Isola n’était pas moins bien entouré par Gaby Morlay, Victor Boucher, Arletty, Jacqueline Delubac . . .
------- Nous sommes très conscients, déclarait-il. Nous avons reçu des offres d’engagement de tous les pays du monde. Un grand music-hall de Broadway, notamment, s’engage à nous donner 1.000 dollars par jour. (*)
-- Comme un murmure flatteur accueillait cette nouvelle :
------ Hé ! Hé ! dit Emile Isola, pour des débutants de 75 ans, vous savez, ce n’est pas trop mal.
Lorsque les frères Isola parurent sur la scène, la salle, spontanément, se leva.
------ Comme quand on joue la “ Marseillaise ”, quoi : murmura Mistinguett.
---Les ovations durèrent plusieurs minutes. Les deux frères saluaient, saluaient en souriant, cependant que de grosses larmes coulaient sur leurs joues.
--Détail charmant : pendant tout le temps que dura leur numéro, l’orchestre joua des airs de “ Rose-Marie ”, de “ No, No, Nanette ”de la “Vie Parisienne ”, œuvres qui, sous la direction des frères Isola, connurent à Mogador d’éclatants succès. Lorsqu’au cours de leur numéro d’ “enchanteurs illusionnistes », comme
-ils disaient eux-mêmes, Vincent Isola, après avoir placé son frère dans son fauteuil, sur la scène, l’escamota,
---l’assistance demeura stupéfaite. Et ce fut bien pis, quand une voix, dans la salle, se fit entendre : Emile Isola était confortablement assis au milieu de l’orchestre !
Les spectateurs n’en sont pas encore revenus.
 
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-Il était exactement 3 heures et demie quand se termina le spectacle. Sacha Guitry, qui s’était dépensé sans compter pour organiser cette admirable et touchante manifestation placée sous le signe de l’amitié, ne cachait pas sa satisfaction. Le résultat n’était-il pas magnifique ; cent soixante dix mille francs de recette ! Comme l’auteur de la “Pèlerine écossaise ” voulait emmener souper les héros de la fête, ceux-ci se récusèrent :
----- N’oubliez pas, cher ami, que nous jouons demain soir ; Il faut que nous soyons d’attaque.
--- Et les frères Isola, nouvelles vedettes du music-hall, s’en allèrent, bras dessus, bras dessous …
                 
* Trop d' "amis" en 1936 et trop peu lors de leur sépultures en 1945 et 1947! et on peut douter de la proposition du fameux music-hall de Broadway à 1000 dollars par jour lorsq'on connaît la suite! Voulez-t-ils cachaient leur détresses ? retour