Programme--


Musique

 
gallica.bnf ---: « LYRICA» Janvier 1935
   
 

-- Présentation de MANDRIN

au THÉÂTRE MOGADOR
Opérette à grand spectacle en 3 actes et 20 tableaux
d' André RIVOIRE et Romain COOLUS . Musique de Joseph SZULC

--- De même que je le prévoyais pour l’Auberge du Cheval blanc, Mandrin me semble partir pour une longue étape. C'est que les frères Isola, ces merveilleux directeurs, ne lésinent pas sur les frais. Ils présentent les œuvres avec un luxe, une abondance de costumes, des décors somptueux, enfin un ensemble qui force notre admiration.
---- Qu'ils soient également remerciés de nous avoir donné cette fois une œuvre française, et par le sujet, et par les auteurs. Ces derniers doivent se féliciter d'avoir été joués sur la scène du Mogador.

---- Dans l'esprit de ceux, et j'en suis, qui n'ont jamais lu l'histoire de Mandrin, celui-ci passait avec Cartouche pour un sinistre bandit. Les auteurs en ont fait un personnage
brutal, certes, mais large d'idées, bon à ses heures et sympathique à la populace qu'il a toujours protégée au détriment de ceux qui possédaient.
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Le musicien Szulc, qui a déjà connu de beaux succès avec Flossie et Sidonie Panache, a composé une partition solide, qui comporte de nombreux airs exaltant la bravoure, la fierté, l'amour, des marches, des chœurs sonores et bien construits. Le côté comique et amusant a également sa part. Plusieurs parties furent bissées.
 
----Deux nouveaux venus dans le genre : M. Georges Jouatte et Mlle Solange Renaux étaient chargés des rôles principaux. Si le comédien ne se sent pas encore tout à fait à l'aise, si son texte a besoin d'être extériorisé, du moins, Georges Jouatte a-t-il la carrure et la prestance de Mandrin. Quant au chanteur il fit merveille : quelle jolie voix à l'émission homogène et souple, comme il sait la chauffer sans la forcer et comme il détaille le couplet! Son succès fut très grand.

---- Je n'avais pas entendu Mlle Solange Renaux depuis sa sortie du Conservatoire. Cette jeune artiste joue avec intelligence : elle a du cran, elle porte fièrement le costume, elle dit bien et sait chanter, mais son passage à l'Opéra a dû lui occasionner un certain grossissement des sons quand elle chante en force, auquel elle devra faire attention. Charles Friant, dans un rôle de noblesse et de mesure, est l'artiste sûr de lui-même que nous applaudissons toujours avec plaisir. Roger Allard, ainsi que Mlles Régelly et Germaine Duclos, forment un charmant trio. René Hérent, Carpentier, José Dupuis, Henri Vilbert et Monette Dinaysont tous excellents.
---- Masses chorales de belles sonorités et ballets bien réglés. Une grande part de la réussite du spectacle revient à Edmond Roze, qui a su faire mouvoir toute l'action et utiliser à merveille le plateau tournant, ainsi que le décorateur Stem, qui a obtenu un relief en surélevant le fond du plateau. Eugène Ramelet, transfuge de l'ancien Opéra-Comique, en a assuré toute la machinerie, qui joue un rôle important, et, enfin, le chef Diot a été, comme toujours, un animateur de premier ordre.

Jean BOURBON