LE MENESTREL
26/04/1903
     
Source Gallica
 
   
 
 
 

            Les frères Isola, qui furent managers adroits et heureux tant aux Capucines, où commença leur rapide fortune, qu'à l'Olympia, à Parisiana et aux Folies-Bergère, viennent, première manifestation de leur direction récente à la Gaité, de remonter Giroflé-Girofla, opéra bouffe de Leterrier et de M. Vanloo, pour lequel M. Charles Lecocq écrivit l'une de ses plus séduisantes partitions. Il serait prématuré de vouloir augurer quoi que ce soit de l'avenir des nouveaux directeurs d'après cette première escarmouche, livrée, sans doute un peu hâtivement.        
          MM. Isola
ont trouvé la Gaité dans un état d'anémie inquiétant, et ont dû, pour leurs débuts, utiliser les éléments horriblement usagés qu'ils trouvèrent sur place. Comme ils sont jeunes, actifs, entreprenants et fortunés, on espère, bien que le métier qu'ils entreprennent soit très nouveau pour eux. Il faut, dès maintenant, les féliciter d'avoir fait rentrer dans sa vraie maison M. Paul Fugère, un des comiques les plus amusants de Paris ; d'avoir donné l'hospitalité à Mlle Jeanne Petit, une divette si mignonnement gazouillante, et d'avoir décidé Mme Marie Magnier, d'en dehors très communicatif, à, se lancer dans l'opérette, puisque les théâtres de comédie ne l'emploient pas.

 
 
     
   
LE SUPPLEMENT
13/06/1903
   
Source
Gallica
       
   


            Les frères Isola font commencer les travaux de réfection de la salle, qui sera complètement transformée, de façon à offrir aux spectateurs tout le confort désirable, en même temps qu'on augmentera et améliorera les loges de balcon et baignoires.
             La réouverture de la Gaité aura lieu le 1er septembre, avec une pièce à grand spectacle.              Au 15 octobre, MM. Isola inaugureront une grande saison d'opéra, qui durera jusque fin janvier. Ces représentations seront données avec le concours de M. Luigini comme directeur de la musique et chef d'orchestre qui conduira un orchestre de 100 musiciens, et M. Saugey, directeur de l'Opéra de Nice comme administrateur général et directeur de la scène.
L'intention de MM. Isola est de donner de grands ouvrages inconnus ou peu connus des Parisiens, parmi lesquels nous pouvons déjà citer l'Hériodade de Massenet, pour tes représentations de Mme Calvé, de MM. Renaud et Jérôme, ainsi qu'Armide, de Gluck, et la Messaline, d'Isidore de Lara. Les lendemains d'opéra, on jouera l'opéra-comique pour les représentations de Mme Marie Thierry et de M. Leprestre. Comme on le voit, on jouera donc tous les soirs. En projet également, comme œuvres inédites, la Vie de poète, de Gustave Charpentier qui ne fut jamais mise à la scène et la Flamenca, d'Henri Cain et Lucien Lambert !
          Outre les artistes éminents nommés plus haut, des pourparlers sont engagés avec les grands chanteurs italiens Tamagno et Caruso, ainsi qu'avec MM. Jean de Reszké, Van Dyck, Mmes Melba, Deschamps-Jehin, Lafargue, Adiny, etc.
         Les chœurs ne comprendront pas moins de 120 personnes : 60 hommes et 60 femmes. Le corps de ballet comportera 80 danseuses, ayant pour étoiles Mlles Consoli et Julia Duval avec M. Curti comme maître de ballet. Voici pour l'ensemble des dispositions déjà prises. Après la saison d'opéra et toujours sous la direction des frères Isola, viendra une grande saison dramatique, avec Coquelin aîné et, Jean Coquelin. M. Henry Hertz restera chargé, comme par le passé, de la direction des affaires de M. Coquelin, et s'occupe dès maintenant de recruter une troupe de premier ordre pour cette série de représentations, qui commencera du 1er au 15 février pour se continuer jusqu'à l'extrême fin de la saison théâtrale. Quant à la pièce qui servira de début à Coquelin au théâtre de la Gaité, malgré tout ce qui a été dit, nous pouvons affirmer que rien n'est encore arrêté à ce sujet. Ajoutons que, comme par le passé, M. Gardel-Hervé reste toujours l'administrateur personnel de MM. Isola.