Article
du journal "Le Ménestrel " du
8 mars 1903. Source Gallica
de la Bnf ---- Ainsi que nous l'avons annoncé, MM. Isola ont pris, dès le premier mars, possession du théâtre de la Gaîté, qu'ils ont acquis de M. Debruyère. Mais comme MM. Isola sont déjà directeurs et de l'Olympia et des Folies-Bergère, un incident, à propos de ce cumul, a été soulevé à la commission de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, incident qui sera tranché incessamment par M. Poincaré, conseil de la Société. D'autre part, M. Escudier, président du conseil municipal, qui avait sans doute d'autres projets pour la Gaîté, propriété municipale comme on le sait, semble, avec l'appui de plusieurs conseillers, vouloir partir en guerre contre M. de Selves, préfet de la Seine, qui aurait signé la rétrocession de l'immeuble sans |
||||||||||||
la Gaité-Lyrique en 1903 |
||||||||||||
s'entendre
avec lui. Quoi qu'il en soit, les frères Isola annoncent
qu'ils ont l'intention de continuer à exploiter le genre en honneur
jusqu'ici place des Arts-et-Métiers, c'est-à-dire l'opérette
ou l'opéra-comique à spectacle. Souhaitons qu'ils montrent
plus d'initiative entreprenante que leur prédécesseur et professent
moins l'amour des sempiternelles reprises. |
||||||||||||
Article du journal "Le Ménestrel " du 24 avril 1903. Source Gallica de la Bnf | ||||||||||||
---
Les frères Isola, qui furent managers adroits et
heureux tant aux Capucines, où commença leur rapide fortune,
qu'à l'Olympia, à Parisiana et aux Folies-Bergère,
viennent, première manifestation de leur direction récente
à la Gaité, de remonter Giroflé-Girofla,
opéra bouffe de Leterrier et de M. |
||||||||||||
Vanloo, pour lequel M. Charles Lecocq écrivit l'une de ses plus séduisantes partitions. Il serait prématuré de vouloir augurer quoi que ce soit de l'avenir. des nouveaux directeurs d'après cette première escarmouche, livrée, sans doute un peu hâtivement. | ||||||||||||
---- MM. Isola ont trouvé la Gaité
dans un état d'anémie inquiétant, et ont dû,
pour leurs débuts, utiliser les éléments horriblement
usagés qu'ils trouvèrent sur place. Comme ils sont jeunes,
actifs, entreprenants et fortunés, on espère, bien que le
métier qu'ils entreprennent soit très nouveau pour eux.
Il faut, dès maintenant, les féliciter d'avoir fait rentrer
dans sa vraie maison M. Paul Fugère, un des comiques les
plus amusants de Paris ; d'avoir donné l'hospitalité à
Melle Jeanne Petit, une divette si mignonnement gazouillante,
et d'avoir décidé Mme Marie Magnier, d'en-dehors
très communicatif, à se lancer dans l'opérette, puisque
les théâtres de comédie ne l'emploient pas. |
Charles Lecocq (1832~1918) |
|||||||||||
Article du journal "Le Ménestrel " du 14 juin 1903. Source Gallica de la Bnf |
||||||||||||
----
Les frères Isola vont faire
commencer de suite les travaux de réfection de la salle, qui sera
complètement transformée de façon à offrir
aux spectateurs tout le confort désirable, en même temps
qu'on augmentera et améliorera les loges de balcon et baignoires. |
||||||||||||
Article du journal "Le Ménestrel " du 12 juillet 1903. Source Gallica de la Bnf ---- Les nouveaux directeurs de la Gaité, les frères Isola — qui, cependant, ne manquent pas d'estomac! — s'en iront faire leur saison annuelle à Chatel-Guyon, à Plombières ou à Vichy, suivant leur habitude, n'ayant plus rien à l'aire à Paris, où le théâtre de la Gaité est en réparation. L'architecte s'en est emparé, et on travaille à démolir, ce qui est la préface de toute reconstruction. Cette remise en étal n'aura, d'ailleurs, pas toute l'importance qu'on s'est plu à annoncer. Il s'agit surtout de remettre en bon état la Gaité, qui en a grand besoin, bien plutôt que de la transformer. ---- La modification principale qu'on introduira dans la construction actuelle sera la création d'un grand escalier d'entrée, pris au milieu, qui conduira, en rampe douce, au premier, où se trouve l'orchestre surélevé. Le plus grand travail sera la réfection complète de la tapisserie, absolument sordide, usée et malpropre en ce théâtre. Celle-là sera entièrement relaite à neuf, et il lui est consacré un forfait d'environ 60.000 francs. La nuance des tentures et de la couverture des fauteuils n'est pas encore décidée, on hésite entre le bleu tendre et le jaune d'or. ---- Le théâtre, qui fera d'abord une saison lyrique de trois mois environ, ouvrira, vers le 15 octobre, avec l’Hérodiade de Massenet, dont nous avons donné déjà la distribution. Les lendemains seront faits avec la Flamenca, le nouvel opéra-comique en trois actes de M. Henri Cain, musique de M. Lambert, accompagné d'une reprise de Joli Gilles. Puis viendra la Messaline d'Isidore de Lara, avec le ténor Duc. ---- Il est question d'une reprise de la Juive, également avec M. Duc; mais l'Opéra laissera-t-il monter cet ouvrage ? Du 15 au 20 janvier, c'est Coquelin qui s'emparerait du théâtre jusqu'au 15 juin. Il a, parait-il, traité ferme pour cinq années consécutives, sous réserve d'un dédit mutuel do vingt-cinq mille francs, pour faculté de résiliation. ---- Les dessinateurs choisis pour monter les pièces à la Gaité seraient Edel, pour les costumes dits « historiques », et Gerbault, pour ceux dits de « fantaisie ». Article du journal "Le Ménestrel " du 23 août1903. Source Gallica de la Bnf ---- Un engagement nouveau et d'importance au Théâtre-Lyrique de la Gaîté, celui de Melle Félia Litvinne, qui était en suspens depuis quelque temps déjà et qui n'avait pu être conclu encore en suite des pourparlers engagés entre les frères Isola et les héritiers Halévy au sujet de la Juive, que ces messieurs voulaient faire figurer, avec la grande artiste, au répertoire de leur théâtre. ---- Tout est heureusement terminé aujourd'hui. MM. Isola ont l'autorisation bien en règle de jouer la Juive, — que notre Opéra se laisse enlever ! — et ont, en la personne de Mlle Litvinne, une Rachel de tout premier ordre.Ajoutons que c'est M. Duc qui chantera Eléazar, rôle dans lequel il se fit maintes fois applaudir à Paris et sur nos grandes scènes de province. Avec l'Hérodiade de M. Massenet, qui fera l'ouverture du nouveau Lyrique, du 10 au 15 octobre prochain, avec la Flamenca de M. Lucien Lambert, qui tiendra l'affiche les lendemains, voici donc déjà arrêtés trois ouvrages sur les quatre que les frères Isola doivent donner pendant leur saison musicale. Article du journal "Le Ménestrel " du 1er novembre 1903. Source Gallica de la Bnf ---- Les frères Isola ! Ceux -là ne sont point jumeaux, mais ce sont bien les deux figures les plus curieusement attachantes de notre monde théâtral parisien . Et si l’on se rappelle leurs débuts modestes à la petite salle des Capucines, on reste étonné du chemin parcouru depuis. ---- Après avoir remis à flot l'Olympia qui faisait eau de toutes parts, après avoir fait de Parisiana un établissement coté, après avoir redonné un lustre nouveau aux Folies-Bergère, les voilà qui, d'un coup de leur magique baguette, et avec une crânerie vraiment admirable, dotent Paris d'un théâtre musical de tout premier ordre. ---- L'Hérodiade de Massenet a à peine triomphé à la Gaité transformée, que, désormais certains de réaliser là les envies maxima, ils regagnent leur Olympia et prodiguent une fois de plus, montent sans compter douze tableaux de revue de MM. Monréal et Blondeau. Les atouts de Paris qui chante? ---- D'abord l'éblouissement conquérant de Germaine Gallois, puis Regnard le compère bon enfant, puis Raiter le bon poivrot, puis Augusta Pouget bien chantante, puis Vaunel qui joue du cornet à pistons dans une des scènes les plus drôles de la revue, puis Dambrine sur lequel M. Gailhard va certainement loucher, sans compter des ballets que Gerbault habilla délicieusement —ah ! ses dentelles ! —un décor de Ménessier très réussi, « les Pécheurs de lune » et, un clou, l'étonnante Motogirl qui laisse loin derrière elle les Phroso et autres. En voilà vraisemblablement assez pour maintenir la vogue au luxueux music-hall du boulevard des Capucines. PAUL-EMILE CHEVALIER |