Souce Gallica
         
       
     

       
         Cet article vient en complément des 4 articles (voir) se rapportant à la même époque à l'occasion du théâtre la Potinière en théâtre Isola (note personnelle).    
 
     

 

         

  Ce fut vous n'en doutez pas une première très parisienne, une première à laquelle les puissances tamisées du souvenir ajoutaient leur séduction. Les frères Isola, après avoir dirigé la Gaité-Lyrique, le théâtre Sarah-Bernhardt, le théâtre   Mogador, l'Opéra-Comique, reprenaient leur premier métier et recommençaient leur vie. Tout comme aux Capucines, il y a quarante ans et plus, revenaient chez eux et offraient un spectacle de prestidigitation et d'illusion.
            Dès l'abord je tiens à vous dire que les deux frères ont rien perdu de leur dextérité. Émile Isola, notamment, est non seulement d'une souplesse et d'une rapidité de mouvement prodigieuse, mais dune agilité de doigts remarquable. Ses tours de carte sont de la meilleure exécution, élégamment faits, d'une netteté et d'une maîtrise sans défaut.
            Quant aux tours d'illusion, ils valent qu'on les considère. Dans une petite salle où les spectateurs, à bout portant, ont des possibilités de contrôle qu'ils ne possèdent pas au music-hall les trucs sont tout à fait réussis. J'allais écrire qu'ils ne laissent pas de trace. En tout cas, ils sont invisibles. Nous assistâmes tour à tour à des évocations, à des apparitions, à des substitutions, des disparitions ; bref, deux heures durant, nous évoluâmes dans le merveilleux avec une incroyable aisance. A la fin tout nous paraissait possible, ce n'est vraisemblable : ce qui est le signe de la réussite. Et quand nous assistâmes au "mystère de la lévitation" merveilleusement présenté, cela nous semble tout a fait naturel.
            

Maintenant il faut que je vous fasse l'éloge de la princesses Dinarzade (1). C'est avec la princesse Dinarzade que Vincent Isola présente 1'attraction bien connue de la transmission de la pensée. Mais cette attraction prend ici un caractère tout fait particulier. Vincent Isola se promène dans la salle et prie les spectateurs de lui désigner tout bas à l'oreille, un air d'opéra, d'opéra-comique ou d'opérette, et immédiatement, princesse Dinarzade le Joue au piano; ou bien il demande qu'on lui nomme une artiste et la prlncesse Dinarzade en fait aussitôt une imitation.
         La princesse Dinarzade est une précieuse collaboratrice et qui avec une mémoire sans défaut, possède des dons parodiques auxquels il faut rendre hommage.
                                                                       Louis Léon-Martin


      (1) Dinarzade est la soeur cadette de Schéhérazade, personnage de fiction et conteuse du livre des Mille et Une Nuits.