On n'a jamais rien perdu pour attendre. Une fois de plus, ce vieux dicton
se confirme, et c'est la Revue des Folies-Bergère, que
les Parisiens attendaient impatiemment depuis près d'un mois,
qui vient d'en démontrer la véracité.
Je
sors du merveilleux music-hall de la rue Richer sous l'impression du
plus singulier sentiment d'admiration ; tous les clichés habituels
sont usés pour exprimer la stupéfaction ravie où
nous a plongés le spectacle inouï que les frères
Isola viennent de donner, et qui est dû à l'original
et souple talent de Victor de Cottens et à la
collaboration du maestro Patusset de Curti, chorégraphe
sans pareil ; du décorateur Ménessier
et du spirituel dessinateur Gerbault, qui a inventé
les costumes.
Comment raconter les quinze tableaux dont se compose la féérique
Revue des Folies-Bergère?
La page entière du Journal n'y
suffirait pas, ce serait déflorer des scènes exquises
pu exhilarantes de la poésie la plus magique ou de la gaieté
la plus abracadabrante. Mais ce ne sera étonner personne que
de dire que jamais une revue n'a comporté autant de vedettes,
autant de numéros, autant de clous qui attachent les bravos du
public. Des noms? Méaly, dont la voix roucoule
délicieusement ; Danerey, chanteuse et danseuse
a la fois : chanteuse comme il y en a peu, danseuse comme il n'y en
a pas ! Et Galipaux, compère
qui répand la joie à pleins gestes : et Jane Derval,
petite commère adorablement Parisienne, mutine et malicieuse,
qu'il faut d autant plus louer qu'elle a appris son rôle
en trois jours. Et Jane Yvon, incomparable dans son
imitation de Lavallière ; et Fragson
l'inimitable ; et Maurel, si extraordinairement farce;
et Loulou Mabel, si belle qu'elle est presque trop
belle, puisqu'elle a aussi le don de l'harmonie ; et Maria d’Hervilly,
ravissante et énervante : et Rita Porcher, sculpturale,
et je ne sais combien de jolies, d'exquises petites étoiles.
J'allais oublier la triomphante Troupe Price, qui n'a
pas sa pareille, et les mignonnes Piecaninies. Et, maintenant, je ne
veux rien dire des tableaux qui composent la Revue des Folies-Bergère
: je ne parierai ni du « Grand Ballet », — une surprise
de drôlerie et de cocasserie : ni du « Palais du Succès
», ni du « Joyeux Train » ni des «
Lotas », ni… de rien.
Allez voir la Revue
des Folies-Bergère, si toutefois, vous trouvez de la place
dans le théâtre des frères Isola, pour assister
au spectacle le plus merveilleux de l'année.
- Voir programmes revue du
30/11/1901
e t du
3/06/1902