Nous aurons terminé
ce rapide examen des trucs employés par les magnétiseurs,
illusionnistes et liseurs de pensée en signalant le procédé
dans lequel l'emploi du téléphone a mis le comble au succès
du magnétisme dans les théâtres.
Les frères Isola
sont les premiers qui l'aient mis en pratique dans leurs expériences
à leur établissement de la salle des Capucines.
Le journal l'Illusionniste, organe mensuel des prestidigitateurs et
voyantes, qui donne l'explication véritable de tous les trucs
nouveaux, en a, en 1902, dévoilé le secret. L'expérience
consistait en ceci :
L'un des frères, Émile,
se faisait bander les yeux avec de l'ouate et plusieurs serviettes qui
lui cachaient également les oreilles. Il était ensuite
conduit au milieu du public.
L'autre frère distribuait dans l'assistance des fascicules du
Bottin, et dans son boniment expliquait que le sujet avait, par autosuggestion,
la vision d'un immense Bottin lumineux dont les pages se tournaient
el dans lequel il pouvait lire à la demande des spectateurs.
L'auditoire adressait alors des questions au sujet en lui indiquant
le numéro de la page à consulter, la colonne et le rang
de la ligne qu'il devait lire. Aussitôt, Isola répondait
à haute voix par le contenu de la ligne désignée.
Voici l'explication du truc : Un téléphone est placé
dans la coulisse ; le récepteur de l'appareil est dissimulé
dans l'ouate dont on entoure la tête au sujet. Un petit contact
bipolaire est instantanément agrafé à une contrepartie
qui se trouve sous le sol, à l'intérieur de l'habit. Les
deux fils parlent de ce point, passent sous les vêtements et aboutissent
sous les bottines, dont la semelle est, elle même, constituée
par une plaque de cuivre souple.
Les fils de ligne venant
du téléphone passent sous le tapis et se terminent par
des pointes qui font une légère saillie en dessus. C'est
en se plaçant sur ces pointes que le courant se trouve fermé
; le sujet peut recevoir de la coulisse,— où un servant,
qui entend ce qui se dit dans la salle, compulse un second Bottin,—
communication du texte qu'il doit annoncer.
Bien entendu,
plusieurs de ces pointes sont mises sur le parcours de chaque fil, ce
qui permet au prestidigitateur de changer de place. Si un spectateur
insiste pour qu'il vienne à tel endroit désigné,
alors on lui donne satisfaction, mais à ce moment, c'est un compère
qui pose la question.
H.L