En deux tomes le
Roman d'un Clown. Avant de s'enrichir dans les coulisses de la
rue Favart, ils portaient sur le plateau de la rue Bergère
la collerette, le minuscule gibus et le nez lumineux des clowns musicaux.
En somme, ils commencèrent
par produire de la musique au moyen de petits ronds de métal
et finirent par produire de petits ronds de métal au moyen
de la musique. La fortune et les hommes ne leur ont point fait oublier
les succès de leur jeunesse. Ils rêvent du compositeur
qui leur apportera la funambulesque et bastringoforme partition d'un
opéra comique avec accompagnement d'ocarinas, grelots, accordéons,
xylophones, chapeau chinois et mirlitons, et ils jubilent de penser
la gueule que ferait Messager en conduisant l'orchestre.
En attendant cet heureux jour,
ils rendent les plus fervents services à la musique française
en affichant, douze fois par semaine, la Tosca, Madame
Butterfly, la Vie de bohème, Cavalleria
Rusticana et autres spaghetti mélodiques à la mode
de Napoli de Milano. Au demeurant, les meilleurs frères du
monde plus inséparables que les Siamois légendaires.
Les Isola n'ont
jamais pu s'isoler.